PUNAISES DE LIT À LYON
La région de Lyon première des régions les plus touchées par les punaises de lit.
une étude de l’Inserm (l’Institut national de la santé et de la recherche médicale) plaçait la région Auvergne-Rhône-Alpes sur la première marche du podium des régions les plus touchées par les punaises de lit.
On compte ici 216 consultations par tranche de 100 000 habitants : soit deux fois plus qu’en région parisienne.
Suivez Derattack sur Facebook et Twitter
Romain Jarjaval est maître chien pour la société Côtière Hygiène Assainissement basée à Béligneux, à quelques dizaines de kilomètres au nord-est de Lyon. Son entreprise s’occupe de la maîtrise des nuisibles. Romain Jarjaval y est notamment chargé de la détection canine des punaises de lit. Lui aussi a constaté un pic des infestations par les parasites dans la région :
« Le phénomène est en augmentation de 200 à 300%. Avant c’était seulement en zones urbaines, maintenant c’est aussi en zones rurales. La région AURA est n°1. Toutes les grandes villes sont touchées. »
Pour le maître chien, la raison pour laquelle les parasites semblent croître de façon exponentielle en France est une conséquence de l’interdiction d’utilisation d’un insecticide :
Un chien qui flaire les punaises de lit ?
Il s’appelle Pexel, et cela fait deux ans qu’il traque les punaises de lit à Lyon et ses alentours pour la société Côtière Hygiène Assainissement. L’entreprise de Romain Jarjaval s’est inspirée des États-Unis tout en souhaitant faire du « made in France ». Il raconte : « On l’a adopté à la SPA de Dompierre-sur-Veyle, [sud-est de Lyon]. Pexel convenait parfaitement car il était à la fois joueur, et issu de races de flair. » Il a été éduqué en France pendant un an, Romain Jarjaval explique que l’entraînement qu’a reçu le chien est plutôt similaire à celui des chiens chercheurs de drogue. « C’est un véritable plus pour lutter contre la punaise de lit : cela permet de lever les doutes, de faire de la détection au plus tôt de l’infestation et aussi de faire des traitements plus ciblés, donc moins chers. »
« Dans les années 1970, les punaises de lit avaient quasiment disparu car on utilisait du DDT. Cet insecticide a été déclaré dangereux car cancérigène. D’après moi, les punaises sont revenues en nombre dans les années 1990. »
2 fois plus qu’en région parisienne
Roman Jarjaval déplore le nombre d’entreprises peu consciencieuses dans leur travail de désinfection. Celles-ci « se joueraient de la détresse des gens ». Alors que leur manque de sérieux est parfois connu, elles ne manquent pourtant jamais de clients :
« Maintenant, 80% de notre activité concerne l’éradication des punaises de lit. Nous sommes débordés par la demande. Nous ne sommes pas assez nombreux. Il faut compter un mois d’attente pour une visite avec le chien. Tout le monde n’est pas prêt à attendre autant. »
un fléau que l’on pourrait éviter ?
La punaise de lit, de son nom scientifique Cimex Lectularius existe depuis l’antiquité. C’est un insecte microscopique, de la taille d’une lentille verte (4 à 7 millimètres), généralement brun. Son corps est plat, mais s’arrondit quand elle est gorgée de sang.
Les punaises de lit sont hématophiles (elles se nourrissent de sang), et trouvent leurs victimes grâce au gaz carbonique et à la chaleur dégagée par les humains. Elles peuvent vivre cinq à six mois en activité, ou plus d’un an si elles sont privées de nourriture et se mettent en « dormance ».
Comment savoir si on a des punaises de lit ?
Pour Romain Jarjaval, c’est très simple : « Il faut chercher sur sa peau trois piqûres qui se suivent en ligne et des traces noires d’excrément sur les matelas et les sommiers ». On peut aussi observer les insectes se déplacer sur les jointures entre les planches du sommier.
La « haute saison » des parasites est en été. En effet, les punaises de lit apprécient les climats chauds et secs, mais c’est surtout les départs en vacances qui ont un réel impact sur leur prolifération. Jonathan Rive est à la tête de Nuisiprotec : une société familiale de désinfection et de lutte contre les nuisibles située à Lyon 7e. Depuis plusieurs semaines, son téléphone n’arrête pas de sonner :
« Il suffit d’aller dans un Airbnb ou une chambre d’hôtel infestée, et qu’une punaise de lit se glisse dans vos vêtements. Vous la ramenez à la maison et c’est la fin. »
Il faudrait donc prendre l’habitude, à chaque fois que l’on s’apprête à dormir dans un nouveau logement, de soulever le matelas et de vérifier qu’il n’y a pas de traces de punaises de lit.
Ce n’est pas tout. L’été, c’est aussi la période des déménagements. Au risque d’emménager dans un logement infesté s’ajoute celui de la « récup ». Jonathan Rive reprend :
« Il faut vraiment éviter de faire de la récupération de meubles, de tissus ou de quoi que ce soit d’autre, sans mettre avant l’objet en quarantaine, l’observer, le désinfecter. »
Interrogés à ce sujet, les élus de la Ville de Lyon comme de la Métropole n’ont pas été très inspirés. Pierre Athanaze est vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’environnement, la protection animale et la prévention des risques.
Airbnb ou une chambre d’hôtel infestée
Il reconnait que le problème des punaises de lit peut être important mais a déclaré que cela ne concernait pas directement la collectivité dans laquelle il est élu :
« C’est quelque chose qu’il faut qu’on fasse avec les villes, nous pouvons être aidants mais pas proactifs. Nous n’avons pas la compétence réglementaire et législative. »
source https://www.rue89lyon.fr